Contrôle du dollar : la vérité sur le pouvoir de la FED !

par adm
Dans une salle des machines financière, une pieuvre-dollar actionne des leviers “Eurodollar” tandis qu’une mini-Fed en uniforme souffle sur un sifflet.

Bankless a invité Jeff Snider pour discuter en profondeur de la mécanique interne du dollar. Cette discussion éclaire un point souvent méconnu : la Réserve Fédérale américaine (Fed) n’a pas la mainmise totale sur la devise. En réalité, le système eurodollar, qui opère en dehors des frontières américaines, influence significativement la liquidité globale.

Eurodollar : une devise bancaire globale et décentralisée

Snider souligne que le dollar circule aussi activement à l’étranger qu’aux États-Unis. Des institutions bancaires internationales génèrent de la « monnaie bancaire » indépendamment de la Fed, en utilisant leurs propres bilans. Ce processus, qui a pris son essor en dehors du territoire américain, représente le cœur caché des mouvements de capitaux en dollars.

Ce marché régule la liquidité à une vitesse impressionnante, influencée par le crédit, la qualité des collatéraux et les coûts de financement en dollars. La banque centrale est alors plus souvent en mode réaction qu’en contrôle absolu. La politique monétaire semble donc plus occupée à réagir à des situations initiées hors de son contrôle direct.

Durant l’interview, un aspect crucial est mis en avant : les signaux du marché précèdent souvent les actions de la politique monétaire. Les courbes des taux d’intérêt, les tensions sur les bons du Trésor et les écarts de taux de financement racontent l’histoire réelle du dollar, bien que ces signaux puissent sembler complexes pour le grand public.

« Silent Depression » : profusion d’actifs, pénurie monétaire

Snider évoque une « Silent Depression ». Le concept est simple : malgré l’occurrence de bulles d’actifs, le système serait fondamentalement déflationniste, en raison d’un manque de monnaie bancaire et d’un collatéral insuffisant. Les programmes d’assouplissement quantitatif (QE) n’auraient pas réparé le système offshore, mais plutôt contourné le problème. Cette perspective remet en question l’idée reçue d’une « dévaluation continue » souvent discutée dans le milieu des cryptomonnaies.

Cette analyse modifie la compréhension des cycles économiques. Quand le collatéral de qualité se fait rare, la création de monnaie par les banques se bloque. Par la suite, l’économie réelle ressent les effets avec un certain décalage. La Fed intervient, certes, mais en tant qu’arbitre, et non en tant que stratège souverain.

Stablecoins : des eurodollars « on-chain » sous condition de confiance

La discussion se tourne vers les stablecoins. Pour Snider, ils représentent une version tokenisée des eurodollars, émergents là où la demande excède l’offre traditionnelle de banque. Leur expansion dépend cependant de la confiance, d’un collatéral clair et d’une gouvernance solide.

Pour apporter une perspective européenne, notre analyse « Quel avenir pour les stablecoins en Europe depuis MiCA ? » explore les dispositifs de sécurité en place. Cette analyse complète bien la thèse de l’eurodollar en y ajoutant le cadre réglementaire européen.

Pourquoi cette thèse est importante pour les investisseurs en cryptomonnaies

Premièrement, il est crucial de surveiller la santé du collatéral. Le coût et la disponibilité des bons du Trésor affectent directement la capacité du système à générer de la monnaie bancaire. Par extension, cela impacte la liquidité des cryptomonnaies, souvent avant même les fluctuations de prix.

Deuxièmement, les émetteurs de stablecoins deviennent des points névralgiques du système. Leur gestion du collatéral, la qualité de leurs partenaires bancaires, et la transparence de leurs opérations déterminent l’élasticité de la liquidité on-chain. Cette dynamique est alignée avec la logique de l’eurodollar : moins d’opacité pour une plus grande capacité.

Troisièmement, la régulation établit l’ordre des émetteurs. Le cadre réglementaire MiCA en Europe et les futures réglementations américaines filtreront entre rapidité, sécurité et conformité. Les acteurs qui trouveront le juste équilibre entre ces éléments sans compromettre la stabilité de leur valeur seront les plus prospères.

Quatrièmement, il est essentiel de percevoir la Fed comme un amortisseur, et non comme un acteur omnipotent. Les annonces de taux sont significatives, mais elles révèlent plus qu’elles ne dictent. Les marchés du financement et du collatéral, eux, prennent les décisions en amont.

Feuille de route pratique

  • Tableau de bord : courbes des Treasuries, écarts de financement en dollar, tensions sur le marché repo et volatilité des taux de change. Ces indicateurs sont précurseurs.
  • Émetteurs : étudier les rapports, suivre les variations des actifs sûrs et des liquidités. La confiance est votre sécurité.
  • Réglementation : se préparer pour MiCA et les nouvelles législations américaines. Les parts de marché évolueront selon la conformité effective.

En conclusion, maintenez une vision globale entre les monnaies numériques et les systèmes traditionnels. Les stablecoins peuvent aussi bien exacerber qu’atténuer une pénurie de dollars. Tout dépendra du collatéral, du réseau bancaire et de la gouvernance. C’est le message clé de cette entrevue.


Sources

  • Bankless
  • Apple Podcasts


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